Première entreprise de surdoués – l’idée du bénéfice social et sociétal

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DANS LA PRESSE
Les-Echos-Le-Cercle-NewPointDeView-new-point-de-view-Anton-MalafeevCet article a été republié (en version abrégée) le 25.06.14 dans Les Echos Le Cercle

⚠️ Précaution oratoire

J’avais écrit cet article en 2014. Ce fut ma découverte du sujet et le début de son exploration. Le terme surdoués était simplement repris par inertie des sources différentes qui n’employaient à l’époque presque que ce mot. Au fur et à mesure de l’approfondissement du sujet, mon avis divergeait exponentiellement avec la désignation très inadaptée de ce phénomène. Phénomène, parce qu’il représente une couche de population qui est de facto minoritaire dans notre société. C’est précisément ce sur quoi s’accordent, sans exceptions, tous ceux qui en font partie.

En 2017, est sorti mon deuxième article sur le même sujet, mais avec une approche plus consciente: Sapiosexualité et neuroatypicité dans le même flacon. Ici, j’utilisais le terme atypisme qui, de mon point de view, correspond sensiblement mieux à cette minorité qu’on appelle aussi les hypersensibles, les HPI, THPI, les zèbres ou que sais-je encore… Je suis en désaccord avec toutes ces dénominations. Car pour moi, le vrai terme est “atypiques”. Et depuis environ 2015-2016 je n’utilise que le terme atypisme en parlant du profil de ces gens.

☛ Or si, c’est la première fois que vous vous heurtez à ce sujet, je vous invite à lire ces articles pour mieux comprendre le phénomène et, éventuellement, comprendre certaines choses sur vous-mêmes ou ceux qui vous entourent.

Questionnement. Idée.

Premiere-entreprise-surdoues-benefices-societeLe paradoxe d’être « surdoué » est que ce terme, désignant le faible taux de personnes avec un esprit différent des 95-98% de la population (selon les statistiques différentes), porte le sens d’un presque super-pouvoir intellectuel, qui sous-entend une intelligence supérieure à la moyenne. Mais ce terme ne porte pas le sens du prix de cette supériorité intelligible pour ceux qui en sont dotés, étant entourés de 95-98% ne pouvant les suivre et comprendre et rejetant systématiquement leur incapacité de comprendre à travers une nervosité (souvent exorbitante) sur celui ou celle qui réfléchit plus vite et plus loin – et ce constamment …

Le Web fleurit d’articles « Comment mieux intégrer les surdoués dans l’entreprise » (Les Echos 25.09.12). Toutes les grandes éditions ont déjà traité les difficultés des surdoués en entreprise et celles de la communication des managers avec cette population atypique.

Toutes les sociétés (en tout cas incontestablement la majorité) – malgré leurs prospectus sur le papier brillant rassurant le monde extérieur (clients, prestataires, banques et leurs semblables) d’être « constituées des hommes et des femmes hautement qualifiés et professionnels » jusqu’au bout des ongles – se plaignent des employés négligents, des cadres pas assez directifs et des managers ne sachant pas diriger les équipes et mener ces hommes et femmes hautement qualifiés et professionnels …

En effet, se plaindre est le sport national gaulois. Mais force est de constater que pratiquement toutes les sociétés françaises, que l’on parle du CAC 40 ou des TPEs/PMEs, sont dotées d’effectifs ayant fait tous les mêmes écoles (et en sont fières), ayant tous le même mode de pensée, et approchant tous leur travail de manière assez médiocre (en termes de qualité) se résumant à quelques clichés bien français et connus de tous.

Or, si on créait, en guise de tentative et de recherche de la vraie excellence, une entreprise composée uniquement des surdoués, afin de concevoir un organisme de mécaniques cérébrales véritablement hors normes dans le monde entrepreneurial ? D’autant plus que ce dernier agonise étant négligé et défavorisé par la majorité, aussi bien que par la « minorité », politique française …

Avec plus de 1 million de surdoués en France – on ne devrait pas avoir de problèmes insurmontables à, ne serait-ce que, envisager un tel projet. Pourquoi une vraie excellence ? Les surdoués, en dehors du QI élevé, possèdent un raisonnement différent de leurs semblables – le mode de pensée arborescente (pensée analogique ou non-linéaire) – antagonique aux 95-98% de la population avec la pensée séquentielle ou linéaire (pour ceux qui pensent, bien sûr). Or, c’est justement la réflexion non-linéaire, « out of the box », qui donne lieu à la véritable excellence comme Steve Jobs, Philippe Starck, Dieter Rams et bien d’autres véritables visionnaires et révolutionnaires du mode de vie de la société.

Or, est-ce qu’une telle entreprise / organisation / équipe / collaboration peut donner lieu aux synergies réellement efficaces dans leur fonctionnement (management interne rationnel et cohérent, non-misogyne, non-hiérarchique et non-carriériste pour deux sous), pertinentes dans leurs brainstormings, décisions et actions, durables et pérennes dans le temps, et innovatrices — le tout dans le sens propre des termes employés ?

Pourrions-nous en tirer des leçons en les appliquant aux entreprises classiques tiraillées dans tous les sens par les guéguerres internes RH / syndicats / finances, et luttant perpétuellement contre la qualité du travail médiocre, l’absence d’implication et, comme conséquence, l’absentéisme, le turn-over du personnel et d’autres problèmes sociaux ?

Quels mécanismes et quelles méthodologies du fonctionnement pourraient être générés par cet incubateur de la surdouance ? Peut-être créer une formule entrepreneuriale nouvelle, structure managériale plus performante et moins « burn-out » avec un fonctionnement plus transversal et horizontal, plutôt que vertical ?

« Utopie ! » – dira la majorité. « A voir ! » – diront certains et auront raison.

Symptômes de la surdouance. C’est grave docteur?

info-21Chose importante : ne pas confondre précoce, doué, surdoué, haut potentiel, prodige, virtuose, génie (Wikipedia).

Les surdoués sont généralement : inhibés ou refermés sur eux-mêmes, asociaux, perdus dans leurs réflexions ou leurs rêveries ; très exigeants (envers eux-mêmes, mais aussi envers les autres), agressifs, parfois méprisants, insupportables. Ces phénomènes se manifestent partout – dans le milieu familial et professionnel.

Commentaire par Ronan de Surdouement dans L’Express :

C’est facile de reconnaître les surdoués, surtout non détectés (non-diagnostiqués). C’est celui qui réussit tout seul en autodidacte. C’est celui qui, quand il est bon ou nul, l’est encore plus que tous les autres et se distingue par ça. C’est celui qui, où qu’il aille et quoi qu’il fasse, remonte toujours à la surface. C’est l’employé de base qui fait le boulot de 4, a les prérogatives de responsable et fini par burn-out ou licencié. C’est celui qui bosse dans la santé, l’environnement, l’administration et qui tient à bout de bras la machine. C’est l’entrepreneur qui n’est parti de rien et a réussi tout seul à aller loin. C’est celui qui traverse 4 catégories socio-professionnelles.
C’est l’artiste – le grand artiste accompli ou le grand raté. C’est le super-citoyen, le super-papa, la super-maman, le super-employé, le super-patriote (pour les américains), dont le seul but dans la vie est de se fondre dans la masse… sans jamais y arriver ! C’est celui qui est épuisant à écouter quand il parle et qui déborde sur tout et tout le temps. C’est celui qui ne parle plus à personne pour se protéger des moqueries par un mutisme et un retrait social très net. C’est l’expert de son domaine qui vit comme un ermite. C’est celui qui veut changer le monde et l’entreprise… encore à 40 ans.
Et il y en a beaucoup …

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« Tous les surdoués ne sont pas les suradaptés. Bien au contraire. » — Jeanne Siaud-Facchin, psychologue-clinicienne, Le Point 25.09.08.

Les surdoués ne sachant et n’arrivant pas à s’adapter à la masse prépondérante de la société ont “souvent envie de prendre congé d’eux-mêmes et de leurs cogitations” — Le Point

Idée. Exposé.

Les recommandations basées sur le projet de recherche « Être un bon responsable pour les employés surdoués » (source Talent Différent):

Les employés surdoués n’aiment pas être intégrés à une équipe, à moins qu’il y ait d’autres surdoués dans l’équipe, avec lesquels ils peuvent débattre. Un certain nombre de valeurs comme l’intégrité, l’honnêteté, la fiabilité et l’équité jouent un grand rôle dans la façon dont les employés surdoués vivent leur fonction. Si ces valeurs ne sont pas partagées par leurs responsables et/ou collègues, cela peut provoquer une grande tension chez les employés surdoués. Cela peut provoquer le sentiment de n’avoir
aucun pouvoir pour changer les choses, de ne pas être compris ou de ne pas être pris au sérieux. Ce qui peut, dès lors, conduire à un burn-out, à une dépression ou à des conflits au travail.

« Nous devons arrêter de regarder les surdoués comme des “monsieur-je-sais-tout” irritants, mais plutôt commencer à tirer parti de ce qu’ils ont à offrir en les encourageant »
— déclaration du Ministère Hollandais des Affaires Économiques

Les spécialistes en parlent et l’expérience le démontre – l’innovation et la création sont propices dans les organisations à hiérarchie plus horizontale que verticale. Il se trouve que les surdoués, étant rarement compris par leur hiérarchie, ainsi que leurs collègues, savent travailler de manière beaucoup plus responsable et s’investissent incommensurablement plus, que monsieur-et-madame-tout-le-monde, dans toute tâche pouvant leur être confiée au travail. Or, l’utilité d’une hiérarchie stricte et surveillante dans une équipe de surdoués se transforme en besoin d’un organigramme transversal (avec les “boucles pouvoir-responsabilité” (voir la vidéo)), collaboratif et surtout parlant le même langage – celui des surdoués.

C’est dans la sérénité, le faible stress et l’absence de compétition interne que la créativité s’exprime le mieux.
Aussi, le bien être des surdoués (de nature hypersensibles émotionnellement) devrait être construit en fonction de l’efficacité professionnelle dans cet organisme sur mesure. Le mode de pensée heuristique (irradiante), incomprise ou difficile à comprendre par les 95-98% de la société, et la capacité de création et d’innovation pourraient être mises en exergue et utilisées (enfin !) à bon escient. Le tout dans un climat sain – sans jugements inappropriés des collègues (non-surdoués) et sans irrecevabilité quasi systématique de la part de la hiérarchie !

Ça serait le lieu où ces drôles de zèbres (l’appellation utilisée dans le livre Trop intelligent pour être heureux ? L’adulte surdoué par Jeanne Siaud-Facchin) ne devraient pas (ou plus) se conformer à la normalité et aux regards de la société, et jouer des rôles ne leur correspondant absolument pas. Car, en jouant des rôles pour se faire accepter, le malaise grandit à l’intérieur.

Postface

Le fait d’être diagnostiqué et se savoir surdoué aide à retrouver l’estime de soi et réaliser de ne pas être fou, mais juste différent des autres. Par contre, être reconnu par l’entourage et ne plus être jugé sur les détails permet de retrouver la paix intérieure et sa place dans ladite société – parmi les autres (les fameux 95-98%). D’où l’intérêt d’un (des) espace(s) professionnel(s) dédié(s) pour cette maigre population intelligible – pour son bien-être (tellement recherché par toute être vivant), ainsi que pour le besoin sociétal en bénéfices pouvant en être dégagés.

Lilie commente en mars 2010 un des articles sur les surdoués : « Avouer qu’on est surdoué, c’est pire que les pires gros mots du monde. Vous êtes immédiatement cataloguée comme prétentieuse, arrogante, on vous évite, et de toutes façons, ce n’est pas ça qui permet aux autres de mieux vous comprendre… ».

L’attitude de la société envers les surdoués parle d’elle-même et démontre très clairement la mentalité et le modèle du fonctionnement de ces 95-98%.

Alors, in fine, est-ce qu’il vaut mieux être fou parmi les fous ou sage isolé ?

L’apologue “LE ROI SAGE”, par Gibran Khalil Gibran

Un roi, puissant et sage à la fois, gouvernait jadis la ville de Wirani. Ses sujets le craignaient pour sa puissance et l’aimait pour sa sagesse.

Au cœur de cette ville, il y avait un puits à l’eau fraîche et cristalline. Tous les habitants de la ville en buvaient, même le roi et ses courtisans, car il n’y avait pas là d’autres puits.

Premiere-entreprise-surdoues-benefices-societeUne nuit, alors que tout le monde dormait, une sorcière pénétra dans la ville et laissa tomber dans le puits sept gouttes d’un liquide étrange en disant : “Tous ceux qui, à présent, boiront de ce puits deviendront fous.”

Le lendemain, tous les habitants de la ville, excepté le roi et son chambellan, burent de cette eau et devinrent fous, comme la sorcière l’avait prédit. Et tout le long de ce jour-là, les habitants de la ville cheminaient dans les rues étroites et sur les places de marché en chuchotant les uns aux autres : “Le roi est fou. Notre roi et son chambellan ont perdu la raison; nous refusons d’être gouvernés par un roi fou. Il faut le détrôner.”

Ce soir-là, le roi fit remplir un gobelet doré de l’eau du puits. Et quand on le lui présenta, il y but longuement et le donna à son chambellan qui fit de même.

Grande fut la réjouissance du peuple dans la ville lointaine de Wirani – le roi et son chambellan avaient, en fin, recouvré la raison.

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