L’école de l’URSS : PNL • égalisation • asservissement

Ecole soviétique, ou science du totalitarisme, ou éducation aménagée… Ou comment ficeler le formatage à travers l’enseignement…

“PNL — programmation neuro-linguistique”

Voulez-vous savoir comment on m’a expliqué à l’âge de 6 ans, dès le premier jour à l’école, que Dieu n’existait pas ? La jeune professeur debout devant une classe de 30 élèves de 6 à 7 ans, avec un sourire radieux, prononce la tirade suivante :

Les cosmonautes soviétiques sont allés dans l’espace et n’y ont vu aucun Dieu. Vous l’aurez compris, Dieu n’existe pas. A présent, passons à autre chose …

ecole-urss-uniforme-fille-sovietiqueVoici comment par de simples phrases bourrées de logique, pour un enfant de 6 ans, on programmait le peuple entier pour des idées bien précises. Ces idées devenaient inées et naturelles. Très peu se posaient les questions par la suite …

Uniformisation

Tout le monde était obligé de porter un uniforme, toutes les écoles de toutes les villes, de tous les villages. Tout le pays à l’école était habillé comme à l’armée. Les garçons – chemise, veste, pantalon. Les filles – robe, mi-bas, nœud de rubans dans les cheveux.

ecole-urss-KGBInutile de dire que la notion seule des écoles privées n’existait pas. Tout le monde à la même enseigne. Bien que les vrais doués étaient systématiquement repérés par le Big-Brother soviétique (KGB) et enrégimentés pour les besoins de la patrie.

Par les « besoins de la patrie » entendre les « besoins du régime dictatorial ».

Égalisation et robotisation

Tous les ans, le 23 février, le pays fêtait le Jour de l’Armée Rouge. Et tous les ans dans toutes les écoles un défilé militaire était organisé. Vous me demanderiez, probablement, pourquoi ?. Et je vous répondrais : « non pas pourquoi, mais avec qui … ».

Ce sont tous les élèves de l’école qui étaient « militarisés » pendant un mois de répétitions, afin de gagner le grand prix – un diplôme (pour toute la classe) de meilleurs « défileurs » de l’école numéro N.

Les répétitions se tenaient après les cours, les garçons et les filles confondus. On travaillait la synchronisation du pas et la même posture pour tout le détachement (classe de 30 élèves). Les parents étaient priés (entendre obligés) de repasser l’uniforme et blanchir les chemises, afin que le défilé soit solennel au plus haut point. Seulement la fête solennelle se déroulait en général dans la salle de sport de l’école où l’écho des pas des détachements, l’un après l’autre, raisonnait en réponse aux commandes du Commandant Général (un des professeurs) – « à gauche, à droite, repos … ».

Si vous imaginez pendant un instant cette scène, n’avez-vous pas l’impression du déjà-vu ? Lorsque vous regardez les reportages sur la Chine ou encore sur la Corée du Nord – ce sont les mêmes racines …

Responsabilisation

Voici une méthodologie intéressante. Comment responsabiliser les esprits envers les biens communs ? – L’obligation d’en prendre soin. ecole-urss-tableNous étions obligés de faire le ménage à l’école. Une fois toutes les deux semaines il incombait de rester après les cours avec un binôme, afin de ranger les chaises, balayer et laver le sol, laver le tableau et nettoyer les torchons de la craie. Les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent pas la craie au tableau à l’école…

Et il y avait aussi des extras. En dehors d’obligations ménagères calendaires (2 fois par mois) si un élève se faisait prendre en flagrant délit de dessins sur un coin de table – il restait après les cours pour décaper toute la table. Et pour les « Van Gogh »’s — ceux qui ne voyaient pas la différence entre leur cahier et la surface d’une table — le mobilier de leurs voisins de classe était également à leur disposition pour le décapage, en sus de leur propre place.

Besogne

Egalement nous avions une matière s’appelant “le travail manuel“, dont je n’ai presque jamais entendu parler en dehors de l’ex URSS.

Ces cours consistaient à apprendre aux filles à cuisiner, coudre et fournir une assistance médicale de base; et aux garçons à bricoler, à connaître les bases d’électricité et à travailler le bois et les métaux. Quelques fois les garçons allaient dans l’atelier des filles pour apprendre à coudre un bouton sur la chemise en mélangeant simultanément les pâtes dans une casserole. Et les filles dans l’atelier des garçons pour voir ce qui se passe lorsqu’on met les deux doigts dans la prise ou comment le moustachu prof utilisait ses muscles pour plier de l’acier avec un marteau …LOL

Je passe les détails sur la rigolade et les taquineries entre les deux “camps adverses”.

Asservissement

En dehors des défilés paramilitaires, des cours d’histoire aménagée (en fonction du besoin du système) et des uniformes, chaque élève soviétique avait un but ultime – s’approcher au maximum du « club privé » des soviétiques, le parti communiste ! Tout le monde n’y avait pas le droit. Il fallait travailler dur pour devenir « l’élu ». Une fois accepté au parti, on devenait une sorte d’élite du régime – prestige, statut, situation sociale.

ecole-urss-Octobriste-sovietiqueNous avions 3 étapes. Après en moyenne 2-3 ans d’école nous devions nous faire accepter aux « Octobristes » pour pouvoir porter le portrait de Lénine sur le cœur (un insigne). Tout une symbolique… Ou dans le langage moderne – le marketing du parti.

Le système était tellement bien pensé, que si pour une raison ou pour une autre on retardait l’obtention du grade, la honte devant tous les camarades ne connaissait pas de limites. Et ce déjà à l’âge de 10 ans. A l’Occident vous aviez honte à l’âge de 10 ans parce qu’on ne vous a pas acheté les dernières pompes à la mode ou la Gameboy (devenue obsolète et remplacée par iPad aujourd’hui) – tout un autre marketing.

ecole-urss-Pioneer-sovietiqueL’étape suivante, 2-3 ans après, consistait à se faire accepter aux « Pionniers » pour pouvoir porter autour de la nuque une cravate de pionniers – un morceau du drapeau soviétique (le marketing du parti – saison 2). Si on était un mauvais camarade, un mauvais activiste, ou mauvais élève, on n’avait bien sûr pas le droit de porter ce bout de drapeau tous les jours à l’école. Cela pouvait créer une marginalisation vis-à-vis des nouveaux pionniers. On pouvait devenir une sorte de corbeau blanc (mouton noir en version française).

ecole-urss-komsomol-sovietiqueEt, bien sûr, cela ne donnait pas le droit d’accéder à la marche d’après, la marche suprême de la dernière classe d’école (la dixième) – devenir le « Membre de la Jeunesse Communiste » (saison 3). Les jeunes communistes n’étant qu’une préparation pour entrer au parti et devenir de plein droit un véritable communiste (saison 4 – suite et fin).

L’école soviétique, les pour et les contre

ecole-urss-Big-BrotherComme on peut facilement constater, tout était organisé et mis en oeuvre pour endoctriner les esprits. Au fil des années le Big Brother a mis en place un système bien rodé et était constamment omniprésent dans le pays pour maintenir la dictature.

Dans le monde entier on fait des études pour obtenir un métier qui définira le niveau de vie, le statut et la situation sociale. Dans le système communiste, où tous sont sensés être égaux, on obtient un métier pour le bien du parti et pour en faire partie.

Voilà un mode de vie parfaitement différent de celui auquel nous sommes habitués dans les pays aisés, occidentaux donc. Encore aujourd’hui il reste des coins sur la planète où les peuples ne connaissent pas d’autres conditions de vie derrière leur rideau de fer.

ecole-urss-rideau-de-fer-Moravia

Rideau de fer – frontières avec l’Occident

Je ne dirais pas que la responsabilisation envers les biens communs donnait le fruit tant escompté par le parti communiste, car, comme partout, le prolétaire en abusait bien volontiers (vol, casse, abandon). Néanmoins cette éducation donnait naissance à des valeurs tendant vers le respect sociétal, en enseignant l’effet de causalité dès le plus jeune âge : toute bêtise / erreur a ses conséquences pour lesquelles il faudra être responsable. L’esprit et la valeur du travail étaient enseigné non pas sans difficultés, car l’humain, qu’il soit soviétique ou occidental, est par définition fainéant. Néanmoins, cela était enseigné à l’URSS à travers une approche écolière foncièrement différente et plus axée sur la valeur du travail et sa nécessité. Les valeurs qui sont tellement étrangères aux nouvelles générations.

Valeurs

Le débat peut être long et complexe si nous opposons 2 vérités :

— l’éducation d’autrefois était plus stricte et cultivait des gens avec beaucoup plus de valeurs, d’intellect et au caractère davantage trempé et moins matérialiste qu’aujourd’hui;
— l’éducation à l’URSS était plus stricte qu’à l’Occident et cultivait des gens avec beaucoup plus de valeurs, d’intelligence et au caractère beaucoup plus trempé / endurci (qu’à l’Occident).

Lorsque je parle aujourd’hui avec les 10-25 ans, je me rends compte que non seulement ces valeurs ne leur ont pas été inculquées, mais le plus terrible est qu’ils en ignorent l’existence…

1 reply
  1. Clionne
    Clionne says:

    comme vous le racontez, ça donne plutôt une bonne image… en occident, on peut dévaster tout et ne rien apprendre… on nous enseigne à être des bons petits caniches soumis du système et des consommateurs ahuris… on a le droit de fumer du H pour se détruire les neuronnes. Et puis il faut apprendre à être très heureux d’être dans le monde libre pas comme les pauvres petits soviétiques qui n’ont pas la chance d’avoir connu Facebook ! Pour finir on est chômeur, et on regarde de milliardaires se gaver pendant que les africains crèvent de la famine. Mais bien sûr, tout cela n’a aucun rapport.

    Répondre

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