Les femmes qui attendent les hommes
Une fois n’est pas coutume, je me suis récemment vu être demandé conseil par une femme. Ayant déjà entendu ça plusieurs fois (et c’est un euphémisme), j’ai décidé de prendre le risque de décortiquer la perplexité féminine devant ce malaise masculin:
Pourquoi les femmes partagent leurs émotions instantanément dans les moments affectifs, contrairement aux hommes qui mettent beaucoup de temps pour, au final, ne pas être suffisamment expressifs ?
Besoin des femmes
Il faut admettre le fait que l’homme, de par sa nature, est moins expressif que la femme, bien que, ne l’oublions pas, il y a toujours les exceptions à la règle. En gros, la réponse à la question de mon amie est comprimée dans la simple phrase – tout est dans la nature. La femme est plus bavarde, plus expressive dans sa parole et ses gestes, et ce au quotidien. Mais alors pourquoi l’homme en est moins, ce que, visiblement, parfois insupporte la femme ?
Ici je ne partirais pas dans des postulats banals, comme “l’homme à la base est un guerrier et un chasseur – autant de qualités qui l’ont façonné à ne pas exprimer ses émotions”. D’autant plus que c’est justement à la base que c’était un guerrier, mais qu’est-ce qui en reste aujourd’hui dans l’homme “modernius-citadinius” ? Ma foi, les garçons, pour la majorité plus rien du tout. Ainsi, le débat sur notre caractère dur n’est pas vraiment de mise, même si parfois il nous arrive d’avoir des élans et des instincts des chasseurs et des guerriers.
Mais abordons la chose d’un autre côté. Qu’est-ce que ça veut dire “l’homme est moins expressif que la femme” ? Peut-être que simplement l’expression de l’homme (envers la femme) est insuffisante pour les oreilles de la femme ? Il est connu que la femme aime avec les oreilles et l’homme avec les yeux. Bien que je n’ai jamais vraiment été d’accord avec ce postulat, car pour moi l’homme aime autant avec les oreilles que la femme avec les yeux. J’en ai suffisamment eu de preuves pour l’affirmer haut et fort.
Essayons d’appréhender la problématique de ce côté qui, je rassure tout de suite les femmes, n’est pas du machisme primitif, mais de l’expérience et de l’observation. Souvent la femme ne connait pas la demi-mesure dans son envie (ou besoin ?) d’entendre les compliments et “combien elle est aimée et désirée”. Quelle que soit la dose de ces cachets magiques qui seraient administrés à la femme, l’effet d’accoutumance s’avère plus fort que dans l’héroïne. Corollaire, avec le temps le consommateur — la femme — apprécie de moins en moins le producteur des comprimés — l’homme — pour cause du manque d’effet escompté. Et à terme, le producteur baisse la fréquence des livraisons du produit à cause du SAV gonflé par des réclamations incessantes, ce qui peut même au final conduire à l’arrêt total dudit produit et, par conséquent, à la rupture du “contrat initial”.
En revanche, si vous tombez sur un pignouf qui accouche d’un seul mot doux à votre égard toutes les 3 semaines – dites-vous que vous êtes tombées sur un vrai “guerrier” là. A vous de voir si vous essayez de le rééduquer, ce que personnellement je vous déconseille fortement – vous allez perdre votre temps et vous faire une mauvaise opinion des hommes en général. Cherchez votre bonheur ailleurs.
Séduction
La situation est quelque peu différente lorsqu’il s’agit du début d’une relation et, particulièrement, des préliminaires d’une relation, ce à quoi mon amie justement faisait allusion me demandant conseil. La femme exprime ses émotions sur le tas et, légitimement, attend un retour. Mais le retour, soit il se fait attendre (et on le sait — dans ces moments l’attente est infernalement longue), soit il est très maigre en expression tant attendue par la femme.
Globalement, l’homme, à quelques exceptions près, est peu expressif en amour. Dans son esprit un geste, un cadeau ou un mot par-ci par-là suffisent pour montrer son attitude envers sa moitié. Ce phénomène est curieusement le même dans la nature. Sans faire de comparaisons “sauvagement grossières”, un jour j’observais un couple de lions en Afrique qui au coucher du soleil profitaient des derniers rayons de la journée et faisait une sieste-cocooning dans la pampa dorée. La femelle, visiblement en manque d’attention, faisait tout pour attirer l’attention de son partenaire regardant le coucher du soleil, comme si c’était son premier. Elle tournait autour de lui, se roulait sur lui, le griffait et rugissait. Le mâle, donnant de temps en temps un doux coup de tête pour exprimer la réciprocité, restait calme et regardait le soleil en train de disparaître derrière l’horizon avec les yeux à moitié fermés. Je vous le concède, cet exemple n’est pas exemplaire. Mais c’est un parallèle qui pourrait illustrer notre ressemblance avec le monde animal dans la différence entre les deux sexes qui s’exprime dans des aspects très différents, voire parfois inattendus.
La difficulté du jeu de séduction est comprimée dans la modestie et la timidité de tout un chacun. Il faut savoir que nous les hommes, tout autant que vous les femmes (et malgré notre passé de guerriers), sommes timides lorsqu’il s’agit de faire le premier pas et de vous faire comprendre notre intention. Ou, ne serait-ce que, le fait que vous nous plaisiez. La nature en a décidé ainsi – les deux sexes sont égaux là-dessus (pour le moins approximativement). Et en reprenant le début de l’article, les guerriers d’aujourd’hui osent de moins en moins faire le premier pas. C’est regrettable, mais c’est un fait.
Sans vouloir passer pour un avocat du diable – il faut dire que cette tendance, particulièrement en France, a ses raisons. Les hommes aujourd’hui réfléchissent quatre fois avant d’aller aborder une femme, connaissant d’avance l’accueil qui peut leur être réservé, d’autant plus en public. Oui, la femme émancipée est devenue beaucoup moins tendre envers ses godelureaux, ce à quoi existent des dizaines de raisons également, je vous l’accorde bien volontiers et sans détours. Par exemple, le comportement laissant à désirer de la part des hommes de certains milieux sociaux. Les hommes normaux et un brin élevés en sont conscients, rassurez-vous.
Tout ceci étant un cercle vicieux qui mérite d’être abordé séparément et plus longuement, car c’est un véritable malaise sociétal de nos jours et qui crée des ravages déjà visibles dans les esprits, dans les cœurs et dans la société elle-même.
Besoin des hommes
Ainsi, l’homme n’ose pas ou attend, parfois trop longtemps — à votre goût Mesdames ! — de vous exprimer ses émotions. Et souvent, lorsqu’ils se jettent à l’eau, ça reste relativement “sec” et pauvre en termes de mots et de leur efficacité.
Ce qu’il faut comprendre, est que de nature l’homme a besoin d’être sûr avant de se lancer. Tentons de décortiquer le fonctionnement de l’homme vu de l’intérieur. Instinctivement, et donc inconsciemment, il a besoin d’être rassuré par la femme, d’avoir un feu vert. Dans le monde d’aujourd’hui, de plus en plus, l’homme peut être mal jugé à chaque pas, il suffit de le détourner (un regard, une attitude ou une phrase mal interprétés vis-à-vis d’une femme ou, pire, un enfant). Cette incertitude mélangée à la timidité naturelle génère un malaise masculin que l’on pourrait appeler l’indécision.
Psychologiquement, si l’homme montre son jeu à la femme et elle ne l’aide pas à en tirer son épingle – il a tendance à se fermer comme une fleur à la tombée de la nuit. Quelques expériences du genre (le pire – consécutives) mènent en général aux nouvelles tactiques naissant naturellement et inconsciemment dans l’esprit masculin, dont fait partie l’attente. Attendre de voir et comprendre comment la femme réagit à telle ou telle chose. Qu’est-ce qui lui plait et quel points il vaut mieux éviter. L’embarras est que souvent, même si l’homme est prêt de passer à l’action (faire le premier pas ou le premier baiser), tant attendue par la femme (de par sa nature) – l’homme ne se sent toujours pas suffisamment sûr de faire le bon pas. Son amour propre, son ego, sa situation sociale et bien d’autres paramètres surgissent dans sa tête et font des barrages psychologiques, par peur d’être mal compris, mal interprété.
Or, un “feu vert suggestif”, ou dans certains cas explicite, de la part de la femme lui donne des ailes et rend heureux tous les deux un instant, une nuit, un an ou toute une vie.
Épilogue
Vous l’aurez compris, j’examinais une relation entre les gens éduqués, où les hommes parlent correctement aux femmes et les femmes ne s’expriment pas en verlan. Et pour cause, même dans ces conditions les dérapages fusent des deux côtés. La femme quelques fois croit normal de narguer publiquement la démarche de l’homme. Par effet de causalité, aux yeux de l’homme cela baisse fortement l’estime de cette femme, voire de toute la gente féminine, tout en complexifiant la future galanterie. En même temps, les hommes se permettent parfois dans leur démarche des gestes ou des mots qui ne sont pas du genre à plaire à l’amour propre féminin. Un autre cercle vicieux…
Dans la lumière dudit, il faudrait davantage d’intelligence, de prévenance et de courtoise des deux côtés. Trancher dans le vif sans réfléchir et en se moquant des raisons de l’autre ne facilite en rien et n’arrange absolument pas les choses.
Post Scriptum: le facteur culturel est bien entendu important dans les relations entre les deux sexes, comme on me l’a suggéré presque gentiment dans les commentaires. Mais en l’occurrence je ne l’ai pas abordé, car avant la culture qui n’est pas héréditaire, il y a les facteurs génétiques — propres à chaque sexe — qui déterminent notre comportement bien à l’amont des réactions comportementales purement culturelles. De surcroît, dans les relations homme-femme interculturelles le phénomène décrit dans cet article est très visible aussi. Même si les exceptions, bien sûr, existent: les hommes des cultures méditerranéennes ou du Moyen Orient ont tendance à “déborder dans l’expression de leur sentiments”. Cependant cette population ne représente point la totalité de la gente masculine, tout comme son approche culturelle ne dirige pas le comportement des 100% de ses représentants. Car en sus de la culture il y a aussi l’éducation (parentale) qui n’est pas toujours le produit pur de la culture locale, bien qu’elle en soit fortement impreignée.