Domination des langues globales dans le monde
INTRODUCTION
Tout a commencé en novembre-décembre 2014, lorsqu’ont été publiés les résultats d’une étude intitulée « Global Language Network » – interdépendance des langues. Pas mal de sites internet les ont brièvement relayés par le biais de courts extraits du résumé de l’étude sur le site officiel « Rapports de l’Académie nationale des Sciences des États Unis d’Amérique » (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America – pnas.org). Comme c’est à la mode, le peuple a liké et reposté les articles sur les réseaux sociaux et tout le monde est resté content.
Apparemment, la majorité des éditions se contentent seulement de copier et traduire le texte de l’original anglais (retenez cette phrase pour la suite). Car après avoir lu quelques-uns de ces articles en russe, français et anglais, un point m’a d’abord intrigué, ensuite étonné et fini par irriter – visiblement personne ne s’est posé de questions logiques en regardant le schéma ici-bas. Or, tout ce que vous pouvez lire juste après est le new (ou autre) point de view sur la problématique de Global Language Network et ses résultats – republiés par les suivistes du web.
A propos de l’étude
L’idée de l’étude est née de la question “comment les multilingues peuvent transmettre et faire avancer leurs idées et informations ?”.
Ainsi, 3 universités américaines (MIT Media Lab Macro Connections Group, Northeastern MoBS et Harvard University) en collaboration avec Aix-Marseille Université en France ont fait naître 3 schémas (sorte de mind-maps) d’influences et d’interdépendance des langues dans le monde sous le nom de “Global Language Network”.
Le résultat de cette étude est intéressant de plusieurs points de vue – culturel, politique (voire géopolitique), littéraire, numérique (internet) et même idéologique. Un spectre assez large de grilles de lecture peut être appliqué à ces images scientifiques basées sur des algorithmes mathématiques relativement complexes.
Description de l’étude
Dans “Global Language Network” chaque nœud représente une langue et les liens la connectent aux langues susceptibles d’être parlées par ses porteurs. La taille des nœuds représente le nombre des deux types de locuteurs – natifs et non-natifs. La position d’une langue dans le réseau est fortement corrélée avec le nombre de personnes célèbres nées dans les territoires associés à cette langue. L’épaisseur des lignes signifie le nombre de connexions entre chaque point (ou langue).
Ainsi, 3 types de réseaux ont fait leur apparition : LIVRES – les langues sont connectées selon la fréquence de traductions des livres ; WIKIPEDIA – deux langues sont reliées lorsque les utilisateurs, éditant un article Wikipedia dans une langue, peuvent également l’éditer dans une autre ; TWITTER – le même énoncé – deux langues sont connectées lorsque les utilisateurs postant des tweets dans une langue peuvent également tweeter dans d’autres.
Pour la détermination d’emplacement des langues dans le réseau, les scientifiques ont fait recours à l’outil de centralisation vectorielle (eigenvector centrality), servant de base à l’algorithme de PageRank (Google). La méthode consiste à prendre en compte la relation d’une langue donnée avec des facteurs divers, ainsi que la dépendance des langues l’avoisinant dans le réseau.
Grâce aux logiciels spéciaux les scientifiques ont analysé des millions de données : 2.2 millions de traductions de livres dans la base de données d’UNESCO Index Translationum. Afin d’élaborer la soi-disant carte de Twitter, les chercheurs ont mouliné 550 millions de tweets de 17 millions d’utilisateurs en 73 langues. Pour la carte de Wikipedia ils ont étudié des articles en 5 langues (principales?) en filtrant soigneusement les différents traducteurs automatiques. Les langues principales doivent supposément être :
Langues “principales” de Wikipedia | Millions d’articles |
anglais | 4,675 |
allemand | 1,789 |
français | 1,573 |
russe | 1.172 |
et soit italien soit espagnole |
1.164 1.145 |
Considérant que le savoir de l’humanité depuis la nuit des temps se consigne dans les livres (en tout cas depuis sensiblement plus longtemps que ne le fait la technologie digitale), le schéma linguistique principal, démontrant la véritable interdépendance des langues jusqu’à nos jours, devrait être le schéma LIVRES. Même si au fur et à mesure de l’avancement de cet article, on verra que les résultats de cette étude n’entendent, peut-être, pas la notion du savoir dans son sens classique.
Dès le premier coup d’oeil, il est frappant de constater que les 3 langues les plus riches en termes d’interconnexions (des livres traduits “de” et “vers” ces langues) sont l’anglais, le russe et le français. Les 3 schémas suivants les représentent en tête des 3 plus grands groupes linguistiques, chacune représentant ses rapports avec les langues secondaires (hors tout sens péjoratif) faisant partie du même groupe.
LIVRES
En poursuivant le décryptage des schémas il est intéressant de constater un paradoxe : les langues les plus répandues, comme par exemple l’espagnole, l’arabe et le mandarin – selon la Global Language Network – s’avèrent ne pas être les plus grandes porteuses du savoir. Ou, par exemple, l’allemand, ayant influencé le savoir mondial (ce qu’on verra un peu plus tard), n’a pas autant de connexions avec d’autres langues, à l’instar de l’anglais, du français ou du russe.
En guise de comparaison j’ai choisi 10 langues selon deux critères — l’importance idéologique au niveau international et le nombre de locuteurs dans le monde. Les schéma s’enchaînent dans l’ordre suivant : espagnole, portugais, italien, allemand, français, arabe (le maillon de liaison entre le français et le russe), russe, hindi et mandarin :
Livres – analyse
Quasi instantanément saute aux yeux un fait étrange. L’anglais est connecté pratiquement avec toutes les langues (à l’exception des soi-disant minorités régionales) – le fait devenu banal depuis longtemps et n’évoquant pas de questions outre mesure. En revanche, pourquoi cette étude américano-française affirme que le russe, tout comme le français, sont quasi uniquement liés avec les langues de leurs régions – le russe principalement avec les langues eurasiennes et le français principalement avec les langues européennes ?
En toute logique, le français est forcément censé être lié aux langues européennes, mais alors pourquoi n’a-t-il pas de liens avec le russe au travers des livres, comme il “n’a pas de relations” non plus avec le mandarin et les langues nordiques de l’Europe ? A son tour, le russe n’a pas de relations avec les langues de l’Europe occidentale – une affirmation qui paraît complètement absurde !
Si on fait confiance à UNESCO Index Translationum et aux calculs de l’équipe de MIT, il ne reste qu’à supposer que la fréquence des traductions entre le français et le russe, comparée à la masse de traductions entre les autres langues, tend vers zéro ou est négligeable, malgré les traductions mutuelles de la plupart des classiques de littérature française et russe, ainsi que des livres contemporains et non littéraires (philosophie, sciences, etc).
Ou alors, est-ce que ces schémas signifient qu’aujourd’hui les traductions de livres entre la Russie et l’Europe occidentale, à l’exception de l’anglais, ne se font plus ou que le volume de leurs traductions est aussi négligeable ? — Difficilement imaginable.
Les deux graphiques suivants, basés sur la “Global Language Network” – traductions de livres « de » et « vers » une langue, permettent de visualiser la différence des volumes de traductions entre les 10 langues choisies.
Le premier graphique, exprimé en pourcentage, montre un écart de presque 40% entre l’anglais et les autres neuf langues. Le russe, à égalité approximative avec l’italien, l’arabe et le français, atteignent un équilibre entre les traductions – une quantité de livres relativement équivalente est traduite de et vers ces langues. L’allemand, l’indou, l’espagnole, le mandarin et le portugais absorbaient davantage le savoir étranger qu’ils n’en partageaient.
Par ailleurs, on est tenté de constater à peine 10% « d’intérêt » de la culture anglo-saxonne envers les autres. En revanche, le savoir anglo-saxon a été et continue à être traduit vers pratiquement toutes les langues du monde selon le principe « la collection complète des œuvres ». Ne serait-ce une glorification de tout anglo-saxon comme d’un écrin du meilleur savoir de l’humanité ? Il serait souhaitable de croire que non…
Le deuxième graphique, exprimé en quantité de traductions pour chacune des dix langues choisies, démontre toujours le même immense écart de l’anglais. L’allemand et le français, les langues de la philosophie européennes du siècle des lumières, sont détenteurs de la deuxième et troisième positions avec une quantité de livre traduits quasi identique – «de» comme «vers». Le russe, de par le volume consolidé de ses traductions, suit l’espagnole qui a ingurgité plus de livres étrangers que le russe a fait de traductions dans les deux sens. De même pour le français et l’allemand ayant fait le double de traductions bilatérales par rapport au russe.
Le portugais et le mandarin (toujours selon les données de ladite étude) se retrouvent au niveau identique d’échange de connaissances, avec un penchant prononcé pour le savoir étranger. L’arabe et l’indou n’ont, de toute évidence, pas particulièrement intéressé le reste du monde, autant qu’ils ne se sont pas fatigués par l’intérêt pour les connaissances d’ailleurs. Commentaire des chercheurs : la faible quantité de traductions, par exemple, vers l’arabe est l’obstacle principal à la diffusion de connaissances dans le monde arabe.
Parenthèse
Réflexion : les bases de données utilisées pour cette étude sont invérifiables, d’ailleurs personne s’aventurerait à les vérifier, or on est censé faire confiance à l’UNESCO. Mais j’ai beaucoup de mal à croire que le russe – langue de sciences et de littérature reconnues dans le monde entier – ait fait moins de traductions bilatérales que chacune des 4 langues principales de l’Occident.
Leurs volumes de traductions n’ont-ils pas été atteint grâce aux colonies de ces mêmes 4 pays à travers le monde ? Parle-t-on ici du partage volontaire et naturel du savoir lettré avec les autres langues ?
Voici un autre comparatif des 10 langues classées par nombre de localisations, où elles ont le statut officiel. Les effectifs des locuteurs pour chacune d’elles selon la GLN (l’étude Global Language Network) et NPDV (New Point de View – les chiffres rassemblés et publiés auparavant dans “15 faits intéressants sur les langues du monde“) sont comparés pour démontrer la variabilité de données selon la source.
D’après les estimations et les statistiques différentes les populations parlant telle ou telle langue varient du simple au double – comme avec le français, qui dans certains recensements arrive à 118 Mn et dans d’autres à 220 Mn.
Langue officielle dans les pays, territoires |
Locuteurs, Mn | |||
GLN | NPDV | |||
1 | Anglais | 53 | 1500 | 466-528 |
2 | Français | 29 | 200 | 118-220 |
3 | Arabe | 26 | 530 | 355-420 |
4 | Espagnol | 20 | 500 | 466-528 |
5 | Allemand | 12 | 185 | 111-169 |
6 | Portugais | 10 | 290 | 217-240 |
7 | Russe | 9 | 278 | 272-277 |
8 | Italien | 7 | 70 | 65-80 |
9 | Mandarin | 3 | 1570 | 765-1500 |
10 | Hindi | 2 | 550 | 380-490 |
WIKIPEDIA et TWITTER
Considérant que dorénavant, depuis une trentaine d’années, le savoir de l’humanité se consigne également grâce à seulement deux signes – 0 et 1 – et que le prérequis sine qua non de ce nouveau support – l’électricité – ne s’arrêtera pas un beau jour, deux autres schémas de ladite étude – WIKIPEDIA & TWITTER – s’avèrent captivants dans l’appréhension de la “société super-connectée” et offrent un moyen visuel pour une analyse assez éloquente.
Fort heureusement. Car le hub moderne du savoir humain – Wikipedia – donne quelque peu tort à mes soupçons sur la crédibilité de cette étude. Les chercheurs eux-mêmes expliquent qu’en comparaison avec les traductions de livres, les données de Twitter et Wikipedia décèlent une plus grande part de langues des pays en développement, comme le malais, le filipino et le swahili. Ce phénomène peut être expliqué par le fait que les méthodes nouvelles et moins formelles de la communication peuvent être plus populaires, comparé aux livres, auprès des populations des pays en développement.
Suivent les schémas de Wikipedia et ensuite de Twitter des mêmes 10 langues :
Wikipedia – analyse
Tous commentaires à propos de l’anglais étant inutiles, on peut instantanément dresser le constat qu’en cas de l’encyclopédie électronique (accessible à tous, indépendamment du choix d’une minorité de ce qui doit être traduit ou pas) la langue russe est cette fois-ci solidement connectée aux langues principales de l’Europe, à l’exception du portugais. L’allemand et le français acquièrent le contact avec le mandarin, et l’arabe se connecte avec l’allemand. Toutes les langues européennes de mon choix, ainsi que le russe, nouent une relativement forte relation avec le japonais, à l’exception du français étant déjà connecté avec la langue nippone grâce aux livres. L’hindi reste tout autant isolé.
Twitter – analyse
Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’espagnole conserve ses relations avec les langues voisines, contrairement au portugais les multipliant presque par trois si on comparait avec les Livres et Wikipédia. Par contre, jusqu’à présent les champions – l’italien, l’allemand et le français – diminuent leur allure et perdent face au russe, qui continue à « communiquer » avec le japonais, l’ukrainien, le biélorusse, l’azerbaïdjanais et d’autres, mais se démunit à nouveau de liaisons avec l’Europe, tout en restant branché avec le centre de l’univers qu’est l’anglais.
STRATÉGIES POLITIQUES
D’après les dires des chercheurs : les nouvelles cartes d’influence des langues peuvent aider aux politiciens et aux communautés linguistiques à développer le positionnement international de leur(s) langue(s). S’il faut relever une langue, il est nécessaire d’investir dans la traduction des documents (et des livres) et stimuler la viralité des tweets dans cette langue.
Réflexion. Si demain Twitter venait à disparaître – faudra-t-il une nouvelle étude pour revoir les stratégies politiques de promotion des langues impopulaires ? Est-ce qu’on peut vraiment croire que grâce à Twitter (ne serait-ce qu’en partie) le malais pourrait remplacer l’anglais, le filipino – l’espagnole et le swahili – le français ? Et pourquoi pas devenir les langues officielles de l’ONU en quelques années ? Par quel degré d’enfantillage faut-il être possédé ?
Les scientifiques poursuivent : d’un autre côté, s’il y a besoin de partager des idées, il vaut mieux recourir à une langue populaire.
Nous avons saisi l’allusion.
Un détail intéressant : je ne connais personne qui aurait décidé de partager des idées en russe, donc de facto avec les Russes, sur internet ou dans les livres. Bien que la population russophone dans le monde soit supérieure à celle francophone ou germanophone. La seule motivation pour les occidentaux de traduire quoi que ce soit en russe ou de l’apprendre (excepté une minorité infime de passionnés de Russie) est le commerce. Pourtant l’intelligencia russe et sa pensée sont très appréciées et respectées à travers le monde. Seulement tacitement on considère que c’est aux Russes d’apprendre d’autres langues pour communiquer avec eux – « le cyrillique est trop dure, et puis les slaves ont des facilités dans les langues …».
Ainsi, reprenant l’expression des chercheurs, pour partager les idées il faut s’adresser au monde globalisé dans les “langues coloniales”. Attention, pensée politiquement incorrecte ! Pouvant être assimilée à la propagande et l’endoctrinement dans la démocratie occidentale de nos jours.
CONCLUSIONS DE L’ETUDE
Sans nul doute, il ne faut pas oublier qu’un accès internet, encore aujourd’hui, n’est pas omniprésent sur la planète. Même dans les endroits électrifiés tout le monde ne possède pas un ordinateur ou un téléphone portable. Et même à condition d’en avoir, cela ne signifie pas forcément une connexion web.
Les chercheurs le reconnaissent – l’étude était menée sur ’’l’élite’’ de l’humanité sachant lire, écrire et ayant accès à la toile.
Dans les écoles de commerce perdure encore la mode d’étudier le mandarin. Pourquoi ? L’explication est inutile. Toutefois, s’il est nécessaire de toucher une grande audience sur internet ou dans les livres, le choix de la langue s’orientera certainement, sans mentionner l’anglais, vers l’espagnole (dont les porteurs sont 3 fois moins nombreux que de l’anglais ou du mandarin) ou vers le français / l’allemand (dans le cas précis le nombre de porteurs de chacune des deux langues est inférieur de 8 fois).
Afin de définir les porteurs de quelles langues deviennent célèbres plus souvent, l’équipe de MIT et les 3 autres universités ont analysé la liste des célébrités internationales nées entre 1800 et 1950 et comparé les données avec la Global Language Network. Le résultat fut sans appel. Les langues centrales dans les schémas ont permis à ces célébrités d’être immortalisées dans l’histoire.
En dépit de l’ampleur de populations des langues comme le mandarin, l’arabe ou l’hindi, celles-ci restent relativement isolées. Selon les conclusions des scientifiques américains et français la transmission d’idées et du savoir de ses langues est assez exiguë. Par exemple, le danois (27 millions) a une influence nettement supérieure sur le monde, contrairement à l’arabe (un demi-milliard), grâce à une population multilingue (la majorité absolue au Danemark parle au moins anglais) et à une présence supérieure sur internet.
Est-ce que tout ça est vraiment la réalité des choses et est-ce qu’on doit aveuglement faire confiance aux calculs mathématiques de cette étude, aussi authentiques, complexes et corrects soient-ils ?
Il faudrait beaucoup plus de souplesse et moins de droiture dans l’inférence finale, me semble-t-il.
Observations
Quelques bonnes questions à se poser.
En quoi consiste l’influence d’une langue ? En volume de connaissances qu’elle transmet aux autres à travers les livres, Wikipédia et d’autres supports d’information ? En quantité de traductions de ces mêmes supports ? — Car les traductions peuvent être celles de littérature de boulevard n’ayant aucun poids intellectuel, mais remplissant la poche de l’écrivain et de son éditeur aspirant, tous deux, à la gloire et au nirvana financier à l’aide des consommateurs au-delà de leur marché linguistique. — En simplicité morphologique et grammaticale permettant un apprentissage rapide et facilité de la langue ? Ou encore en suprématie économique et politique sur une région donnée, et par conséquent sur les langues y pratiquées ?
Ladite recherche a montré, chiffres en main, que l’effectif des porteurs d’une langue ne remplit pas la base de données du savoir de l’humanité, mais dans le monde globalisé a une influence indiscutable et implacable sur le commerce.
Il est particulièrement agréable de noter le fait suivant (en liaison étroite avec la phrase que je vous ai demandé de retenir au début de l’article). Cesar Idalgo – le superviseur de la recherche – a exprimé une réflexion loin d’être sotte et pour le moins réaliste : « Le monde entier a appris le début du conflit en Ukraine des mass-médias anglo-saxons, ce qui a été traduit dans d’autres langues. Dans ce genre de situations tout angle de vue sur la réalité ou toute incertitude / inexactitude commise par les sources d’information anglo-saxonnes colorent (métamorphosent ?) l’information médiatique traduite dans le monde entier ».
Quoi qu’il arrive, la domination actuelle des langues dites principales ne s’est pas faite grâce à la « pollinisation naturelle », mais grâce au passé colonial de la vieille Europe. Qui, ayant à peine réussi à se départager les terres sur place, se précipita dans toutes les directions pour la découverte du Nouveau Monde. Corollaire – répondre univoquement aux questions sus-évoquées, compte tenu des faits historiques et quels que soient l’intérêt et le sérieux de l’étude, paraît difficile, pour ne pas dire épineux…
En ce qui concerne l’absence de liens dans le schéma LIVRES entre le russe et le français et/ou l’allemand, cela paraît inconcevable. Même sachant que de nos jours la majorité des livres étrangers traduits en russe proviennent de la langue de Shakespeare.
Est-ce que cela signifie une véritable globalité (hégémonie ?) de l’anglais ou une isolement programmé de la Russie — dans la lumière des événements politiques de ces derniers temps ? Je laisse ça à l’appréciation de chacun.
Nota bene
NEW POINT de VIEW n’a pas pour vocation de prendre parti pour une idéologie, un courant de pensée, ni de faire du prosélytisme…
Certains milieux pourraient reprocher à la Russie la russification intense (voire, la colonisation) lors de la période soviétique, la raison pour laquelle le russe aujourd’hui est parlé dans tous les pays de l’ex-URSS, ainsi que dans les pays de l’Europe centrale – anciens satellites soviétiques. Ce sont les faits historiques qui n’auront pas de controverse de ma part. Nonobstant, le retour à l’indépendance des pays post-soviétiques fait perdre au russe son rôle hégémonique, ce qui n’arrive pas dans les anciennes colonies de l’Europe occidentale ou alors beaucoup plus lentement que dans le bloc post-soviétique.
Février 2015