Corruption ou médiocrisation de la recherche scientifique?

2024

Le krach scientifique?

Non seulement le monde scientifique (le monde de la recherche) n’échappe pas à l’imperfection humaine, mais en plus il semblerait que les intérêts privés et la corruption le pénètrent tout autant et aussi banalement que n’importe quelle sphère de la société.

Le 29 septembre 2024, L’Express parle de:

une envolée du nombre d’articles scientifiques publiés entre 2016 et 2022, de l’ordre de + 47%. Mais (…) cet apparent dynamisme masque en réalité un sérieux risque de crise dans le secteur. (…) Une partie de cette croissance s’explique par la prolifération de publications véreuses.

Or, il se trouve que, justement, en 2016 (il y a 8 ans), j’avais publié le digest d’un article dans Le Monde, intitulé Un chercheur dénonce l’inutilité de nombreux travaux scientifiques, publié, lui, en 2014 (il y a 10 ans). Et alors ce chercheur

a recensé, entre 1996 et 2011, plus de 25 millions d’études scientifiques publiées, signées par quelque 15 millions de personnes de par le monde. Une quantité phénoménale d’articles, à comparer avec un nombre de découvertes importantes beaucoup plus modeste.

En somme, quand L’Express titre ❞Comme si on était avant le krach: l’ombre d’une “crise des subprimes” de l’édition scientifique❞, en réalité, cette crise des subprimes semble murir (ou pourrir ?) depuis voilà 30 ans, voire plus! Et probablement de manière exponentielle, puisque rien que sur les 6 dernières années l’augmentation s’élèverait à +47%.

Corruption et médiocrisation de la recherche scientifique

2016

Corruption ou médiocrisation de la recherche scientifique?

John Ioannidis, chercheur et professeur à Standford, constate depuis plusieurs années et appelle à “réduire les faux positifs“, les recherches futiles n’apportant pas grand chose à la science. En revanche, permettant une prise d’importance aux scientifiques concernés, “sans oublier les intérêts financiers qui faisaient pression pour l’obtention de résultats“.

“On voit parfois certains chercheurs avoir une production prolifique de travaux médiocres voire non-reproductibles, en profiter pour monter dans les hiérarchies, entrer dans les revues, bénéficier de renvois d’ascenseur et obtenir leur signature dans une étude pour laquelle ils n’ont donné qu’un avis, etc.  J’ai moi-même pu constater que certains adoptaient ce que John Ioannidis appelle (joliment) la technique du “salami”, qui consiste à découper une recherche en tranches, en sous-sections, et à “vendre”, sur la base d’une seule expérience, plusieurs études à des revues différentes…”

Malheureux constat

Le phénomène ne semble que s’accroître. Et le discernement de John Ioannidis confirme la résistance de la société aux idées nouvelles. Curieux décalage de la société (axée à tous points de vue sur la finance et la “science de masse” futile et égocentrée) du vrai progrès sensé de faire évoluer les paradigmes existants.

Pire, les nouveaux paradigmes attisent des critiques non-constructives, car souvent les idées nouvelles vont à l’encontre des intérêts financiers d’une minorité tenant les reines dans un domaine et à un moment donnés. A ce propos, je conseille fortement ce court article en supplément: La résistance de la société aux idées et nouveaux paradigmes.

Subscribe
Notify of
guest

0 Commentaires
Oldest
Newest Most Voted
Inline Feedbacks
View all comments