Pourquoi l’intelligence économique & l’interculturel sont indissociables
Depuis quelques années les voix se lèvent pour observer la conjonction de deux intelligences : économique et interculturelle, évoquant leur raison d’être indissociable.
Ceci est le début de ma conclusion dans « Intelligence interculturelle – l’impératif de l’éducation nationale » publié 6 mois avant la sortie en juin 2015 du document « Intelligence Économique » de la D2IE (Délégation interministérielle à l’intelligence économique) qui pour la première fois reconnait explicitement, bien que de manière minimaliste pour un document de 90 pages, la nécessité des compétences interculturelles dans toute activité économique d’ordre international :
À l’international, l’incompétence interculturelle est un facteur de crise majeur alors qu’à l’inverse, la connaissance de la culture du pays partenaire est une prévention efficace.
Aussi,
« il est conseillé aux PME de sensibiliser tous les personnels aux enjeux, aux risques et à la détection d’opportunités »,
s’agissant de l’intelligence économique. Parallèlement est mentionné le « cycle spécialisé ‘’intelligence culturelle‘’ » ayant pour objectif : « maîtriser les activités à l’international et les risques liés aux questions interculturelles pour les entreprises ayant des activités avec et à l’étranger ».
À présent, il serait excitant de penser que ce constat, mentionné à demi-mot, donnerait un élan plus fort aux TPE/PME, à l’instar des grands groupes, de réaliser la nécessité en formation continue à l’intelligence culturelle jouant le rôle important dans la stratégie de toutes actions à l’international.
C’est certainement à travers cette business-approche que le besoin en compétences interculturelles deviendrait indispensable dans le conscient des entreprises et, donc, quérable auprès du Conseil supérieur des programmes, au moins pour l’enseignement supérieur. Ce qui forcerait le système d’éducation de s’adapter aux réalités du monde se développant plus vite que le paradigme de l’éducation.
En d’autres termes, le statut officiel de ce document laisse espérer une prise au sérieux accrue de l’intelligence interculturelle, majoritairement considérée jusqu’alors sans priorité, qu’il s’agisse de la formation initiale ou (en particulier) de la formation continue. Les restrictions budgétaires en entreprise font que les décideurs se penchent quasi exclusivement vers les formations devenues un must incontournable : le triptyque classique « management–RH–RSE », les NTIC, la finance, etc.
À ce titre la D2IE fait remarquer qu’il est important
d’« appréhender la pratique particulière des TPE/PME françaises, qui d’un côté appliquent parfois spontanément des principes d’IE (intelligence économique) et de l’autre sont souvent taxées de désintérêt pour l’IE ».
Le même constat peut être dressé pour l’intelligence interculturelle, qui subtilement marche la main dans la main avec l’IE et de facto en est indissociable dans une économie globalisée.
Or, il serait opportun de communiquer auprès du plus grand nombre d’entreprises sur :
- l’importance de ce savoir dans la communication interculturelle, à laquelle la majeure partie des professionnels est confrontée de nos jours ;
- et la diminution des risques économiques grâce à la dimension stratégique de l’interculturel, devenue dans le monde globalisé une sorte du code source, dont la maîtrise peut sensiblement améliorer la compréhension d’interactions entre les acteurs économiques internationaux et, par ce biais, optimiser la gestion de ces mêmes risques ;
- sans parler du simple intérêt intellectuel de cette discipline, que l’on peut constater dans la réflexion des participants aux séminaires sur les problématiques interculturelles.
Malgré les premiers travaux et rapports sur l’IE dans les années 70, la France n’a adopté l’intelligence économique qu’au début des années 90 (après le Japon dans les années 70 et les États Unis dans les années 80). Aujourd’hui, le constat général demeure que la France adopte les nouvelles tendances (apparaissant outre atlantique et dans les pays européens avant-gardistes) 3 à 10 ans plus tard.
Ainsi, partant de deux constats :
- que la discipline interculturelle a pris ses débuts au milieu du siècle précédent et qu’aujourd’hui de nombreux pays, ayant compris l’importance du phénomène, sont sur le point de l’inclure dans leur système d’éducation,
- et que selon la D2IE « l’école française d’IE a construit une démarche originale à partir de différentes formes de cultures informationnelles. Fondée sur une approche plus globale et plus intégratrice que le concept anglo-saxon de ‘’competitive intelligence’’, elle associe analyse et action à partir du management de l’information dans les entités »
la France ne devrait-elle pas, de manière proactive, intégrer l’intelligence cross-culturelle (pour reprendre le terme anglo-saxon) dans son IE, sous forme d’un de ses pivots fondateurs :
- Veille et anticipation
- Compétences interculturelles
- Sécurité et maîtrise des risques
- Influence
- Management de la connaissance
Car dans sa dimension stratégique l’interculturel joue un rôle inhérent dans la maîtrise des risques tant chers à l’IE. Ainsi, le corollaire logique de la nouvelle définition de cette IE serait (peut-être) une meilleure perception et compréhension du terme « interculturel » par les entreprises, et se répercuterait (peut-être) en quelques années sur la formation initiale et continue ?
Je ne me donne pas à cœur-joie d’appuyer la nécessité de « consommer » les séminaires et le conseil interculturels, dont je suis créateur et promoteur (parmi tant d’autres). Mais en bons élèves de la gestion des risques (TPE/PME) il conviendrait de se poser la bonne question : quel risque financier serait encouru si le RNI (risk of non investment) était supérieur au ROI (return on investment) ?
Intelligence Interculturelle (Economique) : RNI > ROI ?
Bonne réflexion…