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Nouvelle société — ni capitaliste, ni communiste

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« Sauver le capitalisme des capitalistes »

Par la force des choses cette allégorie est devenue connue de tous. Notre cher capitalisme est sur le point de finir de scier la branche sur laquelle il est assis depuis 200 ans. Cette évidence est de moins en moins attaquée même par les jusqu’au-boutistes du « moins pire système inventé par l’homme », tel que l’a qualifié George W. Bush le 13 novembre 2008, à l’apogée des subprimes. La prise de conscience de plus en plus large est palpable, en partie grâce à l’arrêt mondial début 2020 par le COVID. Seulement, les avis divergent : la résurrection du capitalisme ou son terminus ?

Le capitalisme a apporté son bénéfice à l’homme : réduction de la famine, alphabétisation généralisée, infrastructures, niveau de vie sensiblement amélioré (par rapport à ne serait-ce qu’il y a un siècle). Néanmoins, ces dernières décennies, et en particulier depuis la chute de l’URSS communiste en 1991, le capitalisme est tombé dans l’excès incommensurable. Son paroxysme — une folie appelée le néocapitalisme — a perverti le moindre bon sens que l’on pouvait entrevoir encore il y a 40-50 ans.

Aujourd’hui, il n’est plus question de choisir entre le capitalisme ou le socialisme, entre la gauche et la droite. Il faut changer de paradigme — économique, social et politique. Naturellement, ce changement ne peut être ni momentané, ni simple. Or, pour commencer, il faudrait méthodiquement rectifier le capitalisme perverti en encadrant la folie du capital individuel.

“Des niveaux croissants d’inégalités doivent être traités à l’échelle mondiale”

nous dit Thomas Piketty en 2014

En effet, le traitement du problème pays par pays — dans le monde globalisé plus que jamais — n’aurait strictement aucun sens. Et toutes les options classiques dans leur genre, comme par exemple une énième panoplie de régulations ou d’austérité, ne seraient qu’une goutte d’eau dans l’océan néocapitaliste mondial. La seule solution, selon Piketty, serait la taxation de la richesse au niveau mondial. Toutefois, il admet que ce ne serait qu’une « utopie utile ». Effectivement, difficile de ne pas être d’accord…

Par opposition aux idées traditionnellement de gauche, comme par exemple taxer davantage les plus riches, les protagonistes de l’aile droite répètent inlassablement le même mantra : une pression fiscale sur les super riches ne peut qu’être temporaire, ils partiront aussitôt vers des juridictions plus clémentes. Ce pourquoi de nombreux pays ont déjà fait machine arrière. Cependant, tous ces pourparlers opposés semblent déjà être des vestiges du passé. Puisque garder la plaie ouverte en y opposant des pansements sans la soigner ne fait que gangréner l’économie et la société qui, elle, est déjà à fleur de peau.

© Gerhard Haderer

Solution

Nous avons oublié ou bien nous n’y pensons plus : le capitalisme ne peut pas et ne doit pas fonctionner dans le sens unique. Comme tout dans cet univers, il doit être basé sur le principe de dualité. Or l’économie, en tant qu’un des moyens d’organisation sociale, est sensée être organisée selon le principe des vases communicants : les capitaux doivent circuler dans tous les sens et non pas s’entasser dans un seul vase. D’où mon interrogation : pourquoi ne pas se tourner vers une solution bien plus lucide — le plafond universel du capital individuel ? Disons 5-10 millions d’euros maximum.

  • Quel être humain — normalement constitué — en aurait réellement besoin davantage pour vivre mieux que « très bien » ?
  • A 5-10 millions de dollars (ou euros) la vie, ne sera-t-elle assez décente et confortable ?
  • Quel en serait le contrargument principal ? Que c’est une utopie ubuesque ? Ou que l’on ne puisse vivre sans un yacht, agrémenté d’un Falcon ?
  • Ne faisons pas de conclusions à la hâte. Toutes les perversions que l’on voit dans le néocapitalisme au quotidien ne sont destinées qu’à une seule et unique cause, amasser encore plus d’argent (et du pouvoir avec). Alors, ce plafond des fortunes, ne résoudrait-il pas la majorité des revers, dont les capitalistes endurcis font preuve depuis la nuit des temps, et en particulier aujourd’hui?

Corollaire

La spéculation financière débridée, dont le but principal est la capitalisation infinie, deviendrait (presque) obsolète. Et même si on évoque des groupes-mastodontes internationaux qui échappent au fisc de tous les pays, à leur gouvernance se trouvent de simples individus — dirigeants et actionnaires — se croyant au-dessus des lois et considérant que les milliards déjà empochés ne sont toujours pas suffisants. Car, en particulier de nos jours, les valeurs ont changé. Dans la majorité écrasante des cas, la course effrénée après l’accroissement du capital ne se fait pas au nom de la gouvernance des entreprises ou de l’amélioration sociétale, mais au nom du profit individuel. La logique qui échappe à la raison.

Or, on le sait de l’histoire : la richesse et en particulier l’impunité rendent fou. Seulement nous n’avons pas d’hôpitaux psychiatriques pour les malades atteints d’« accumulation-du-capital-aiguë ». Alors, la seule solution — la plus humaniste et rationnelle, si on y pense bien — serait le plafond universel des fortunes à l’échelle mondiale. Car, malgré l’apparence, elle conserve la possibilité d’être riche (avec les 10 millions €), mais pas follement richissime, comme le fameux 1% qui accapare presque la moitié du capital mondial et, ainsi, parasite toute la société. Sans mentionner leur empreinte carbone qui dépasse l’entendement, comparé à l’empreinte individuelle des 50% de la population humaine.

Alors, ne pourrait-ce être ce nouveau paradigme d’une société évoluée — ni capitaliste, ni communiste ? Ce n’est pas une tâche simple, certes, mais pas aussi impossible et absurde qu’elle paraîtrait à premier abord. Car après l’abandon de l’esclavage, la séparation de l’Église et de l’État, le vote universel, l’émancipation de la femme, les droits de l’homme, ainsi que d’autres progrès significatifs (bien que toujours imparfaits), l’humanité peut et DOIT mener de toute urgence une nouvelle transmutation de son conscient : l’abandon du capital cumulable à l’infini — avec tout le paradigme matérialiste pervers et véreux construit dessus.

Or, il s’agit de nous élever au-dessus du niveau dans lequel nous gravitions jusqu’à présent. Nous élever dans les esprits et dans notre organisation sociale qui, elle, au stade actuel de notre développement bute clairement dans un mur représentant les idéaux féodaux des inégalités astronomiques induites par le noyau dur du capitalisme — la recherche du profit infini, stocké dans un seul vase.

“Les problèmes sérieux, que nous rencontrons, ne peuvent pas être résolus avec le même niveau de pensée où ils sont apparus”

Albert Einstein

Le plafond universel du capital individuel conserverait la méritocratie et l’accès à la richesse, au luxe et à la volupté — mais dans une mesure raisonnable. Or, pour dompter la luxure humaine, il faut un nouveau système où la psychologie de ses futurs (nouveaux) riches se maintiendrait aux valeurs d’équité et de solidarité accrues, par opposition à la démesure abyssale qui parasite notre espèce depuis son apparition.

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Pour ceux qui sont passés à côté de mon livre, La psychologie des nouveaux riches • Le récit d’un serviteur (donc basé sur des faits réels) — où je développe de manière narrative l’idée du plafond universel des fortunes —, lisez-le ! Et offrez-le aux autres ! Cette nouvelle façon de penser ne serait que salutaire pour nous tous. Et je ne dis pas ça parce que c’est mon livre et je veux le vendre à tout prix, mais parce que ce livre est un manifeste aux nouvelles générations, pour le changement dont on a tant besoin, particulièrement aujourd’hui.

psychologie des nouveaux riches, anton malafeev
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