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De la philanthropie des milliardaires vers le revenu minimum grâce au COVID-19 ?

En pleine caléfaction du COVID-19 dans les pays occidentaux, le 25 mars, Le Figaro annonce la couleur :

«Je constate depuis une dizaine de jours une hausse de 30% des demandes de renseignements en vue d’achats d’îles privées», explique au Figaro Chris Krolow, PDG de Private Islands Inc., la seule agence immobilière exclusivement dédiée à l’achat d’îles privées.

Le trafic aérien est à l’arrêt ? Pas de problème. «Les demandes de location provenaient de personnes capables de contourner ce genre de problème grâce à leurs yachts ou jets privés», remarque Chris Krolow. Si le secteur de la marine de plaisance boit la tasse depuis que l’Italie – leader mondial de la construction de yachts, s’est mise en quarantaine, celui des jets privés connaît un dynamisme exceptionnel.

Et le 7 avril, voici le premier contre-exemple du portrait que je dresse de Jeff Bezos et Warren Buffett dans le chapitre La philanthropie et le politiquement correct de mon livre. Voici un très bel exemple, dans tous les sens du terme :

Le fondateur de Twitter, Jack Dorsey, donne 1 milliard de dollars (28% de sa fortune) pour lutter contre le Covid-19.

Le Figaro

Pour l’instant, face à ce cas unique et exemplaire Bezos et Zuckerberg, eux, ont donné des pourboires et non pas une aide :

Jeff Bezos, le patron d’Amazon et homme le plus riche au monde, a annoncé sur Instagram il y a cinq jours qu’il donnait 100 millions de dollars aux banques alimentaires américaines. Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, et sa femme Priscilla Chan ont de leur côté offert 25 millions de dollars pour la recherche de traitements contre le coronavirus.

Bill Gates s’est aussi séparé de 125 millions de dollars au nom de la lutte contre l’épidémie. Mais pour moi, leur geste relève d’une pure communication et rien d’autre, uniquement pour ne pas être parmi ceux qui n’ont rien donné du tout. Puisque en calculant la proportion de leur « aide » par rapport à leur capitaux (0.12% pour Gates, 0.08% pour Bezos et 0.04% pour Zuckerberg), ça relève davantage d’une moquerie que d’un don. Tandis que la démarche et l’attitude de Jack Dorsey devraient maintenant rentrer dans les manuels de la philanthropie… Ce n’est même pas simplement un don, mais carrément une véritable vision et un programme DE SON VIVANT ! Aux antipodes de Buffett (l’ami intime de Gates) que l’on considérait, jusqu’à présent, comme l’un — si ce n’est le plus généreux donateur de l’histoire. Seulement avec un léger bémol : donateur POST MORTEM !  En contraste, Jack Dorsey précise :

«Pourquoi maintenant? Parce que les besoins sont urgents et que je veux en voir les effets pendant ma vie», a-t-il ajouté. «J’espère que cela va en inspirer d’autres. La vie est trop courte, faisons donc tout ce que nous pouvons pour aider les gens maintenant». «Quand nous aurons désamorcé cette pandémie, les fonds seront orientés vers la santé et l’éducation des filles, ainsi que le revenu universel», a ajouté le milliardaire, dont la fortune est estimée à 3,3 milliards de dollars par Forbes.

Avant-hier, j’ai envoyé à Idriss Aberkane ce reportage qui explique que la pandémie actuelle fait disparaître les milliardaires à travers le monde. C’est très intéressant, car il n’y a pas eu le même fléau en 2008!

Bien sûr, les gens ne sont pas totalement dupes. Et ils ne font plus confiance au système existant et surtout à ces puissants. On m’écrit : « T’inquiète, ils vont être les premiers à pouvoir réinvestir et leur patrimoine va doubler ». Sûr ! Mais il faut quand même prendre en compte 2 points principaux :

  1. ils ne vont pas pouvoir le faire aussi vite qu’ils en ont l’habitude — nous sommes assez loin des conditions de la crise de 2008 et aujourd’hui tout est beaucoup plus profond et grave ;
  2. beaucoup de petits milliardaires ont tout simplement cessé d’être milliardaires (même si, bien sûr, ils ne sont toujours pas à plaindre).

En d’autres termes, nous sommes dans une refonte structurelle dont nul pour l’instant ne mesure les conséquences et leurs ramifications qui, elles, continueront à modifier des choses sur un plus long terme! Aujourd’hui, nous sommes véritablement face à quelque chose de nouveau, à bien des égards. Or, selon moi, l’avènement du coronavirus peut s’avérer beaucoup plus utile dans la prise de conscience qui forcera — dorénavant — nous tous à faire bouger les lignes.  Et l’antidote à notre système actuel que j’ai proposé dans mon livre en 2019 — juste avant le début du coronavirus — me paraît de plus en plus réaliste et réalisable.

psychologie des nouveaux riches, anton malafeev

Dans la foulée, j’ai même reçu un avis d’un des lecteurs, me disant : « Votre ouvrage “La psychologie des nouveaux riches” est très lucide sur ce qui relève de la surabondance, de l’utilisation faite de son argent et de la nécessité d’accumuler pour “parader” ». Dans le même message il a rajouté : « Je pense que la fibre philanthropique de Jack Dorsey relève d’un modèle sociologique sur ce que devrait être la redistribution des richesses en fonction des montants associés ».

Dans le même article, Le Figaro mentionne la chose suivante :

Le revenu universel suscite un regain d’intérêt de nombreux politiques et hommes d’affaires, alors que la crise économique liée au Covid-19 a mis des millions de personnes au chômage. «C’est une idée géniale qui a besoin d’être testée», a continué Jack Dorsey.

Ladite idée fondamentalement s’entrecroise avec la fin du “système à milliardaires” dont j’argumente la possibilité dans mon bouquin. Les deux idées vont intrinsèquement dans le même sens !  Or, pour être honnête, je ne peux que m’en réjouir.

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