La nature d’une vie sans juste milieu. Le trouvera-t-on un jour?
Tout au long de l’évolution humaine, on a vécu dans la nature. Aujourd’hui, on mène une vie de loin plus confortable dans des agglomérations aménagées, entretenues, sécurisées et connectées à tout genre d’intelligences artificielles. Mais le prix à payer est le bruit, la pollution et le stress qui s’accumule.
Certains semblent supporter assez facilement la vie citadine, sans manque particulier de la nature. Et je ne parle pas ici d’un parc avec 2-3 fleurs et quelques bancs municipaux, parfois couverts ou entourés de merdes d’oiseaux ou de crachats d’autres citadins ayant déjà passé par là. Je parle de la vraie nature, dans le sens initial du terme.
D’autres, sont en manque quasi permanent de la nature sauvage. Et plus ils y vont, mieux c’est. Pourquoi ça?
Plusieurs études ont déjà montré que passer du temps dans la nature réduit le stress et l’anxiété. Les paysages naturels dénoués du béton et d’autres attributs de la vie moderne, les sons de la nature et l’air frais apaisent l’esprit et aident à se détendre. Et c’est là tout le paradoxe: nous cherchons à nous reposer de notre vie confortable, aménagée, propre et sécurisée…
On vit mieux qu’avant (voir ma vidéo précédente), mais on est toujours en manque de quelque chose.
“Quand je désire ce que je n’ai pas, c’est la souffrance. Mais quand j’ai tout et je ne désire plus rien, c’est l’ennui”,
a dit Schopenhauer. Autrement dit, l’ennui serait au lieu même du bonheur y attendu.
“Ainsi, toute notre vie oscille comme un pendule de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui”.
Et ainsi, beaucoup considèrent Schopenhauer comme philosophie pessimiste et cette conclusion comme la plus pessimiste de l’histoire de la philosophie.
Mais revenons à la nature. De facto, elle améliore l’humeur et le bien-être émotionnel. La lumière du soleil, a un effet positif sur notre production de sérotonine, une hormone qui régule notre humeur et notre bien-être général.
La nature stimule la créativité et l’imagination juste en regardant son environnement riche et diversifié. Toutes ces composantes (la beauté des paysages, leur immensité et la faune) inspirent de nouvelles idées et perspectives. Et puis elles attendrissent aussi, en particulier sur le fond des actualités sociétales qu’on se tape du matin au soir, qu’on le veuille ou non.
La nature incite à l’activité physique (la marche, le vélo, même le désherbage du potager). Et, en dehors d’être bénéfique au corps, l’activité physique est aussi bénéfique à l’équilibre mentale et au bien-être général. Rien d’étonnant, car c’est à l’opposé de notre mode de vie face à un écran avec une multitude de mails et de problèmes à gérer en mode sédentaire.
Inutile d’être Einstein pour deviner que c’est contre la nature même du vivant.
La nature donne le sentiment d’humilité et aide à se souvenir que nous ne sommes qu’un petit maillon d’un vaste écosystème interconnecté. C’est précisément ce qu’on peut appeler le retour aux sources, au sens propre…
Et enfin, la théorie de la restauration de l’attention (de Kaplan) suggère que le temps passé dans la nature aide à restaurer notre capacité d’attention grâce aux stimuli doux, agréables et peu exigeants pour notre esprit. Ce que l’on voit dans la nature contraste avec les environnements urbains sursaturés de stimuli irritants qui aggravent la fatigue mentale.
Après tout, y a pas de quoi s’étonner. Si on se fie au darwinisme, l’être humain a évolué dans un environnement naturel, et notre cerveau avec nos sens sont adaptés à l’interaction avec la nature. Et la théorie de la biophilie affirme même que les humains ont une inclination innée à la connexion avec la nature, ce qui peut expliquer pourquoi nous sommes tant attirés par les espaces verts et les paysages naturels.
Ces 2 vidéos ont été enregistrées en été 2021, quelques mois avant le début des évènements qui façonnent pratiquement tout ce qui nous arrive aujourd’hui. Mais le chic est dans le fait que tout ce que j’y ai dit n’a pas pris le moindre ride. Pire, c’est même devenu encore plus d’actualité…
(Sous-titres en russe et en français)
(Sous-titres en russe et en anglais)
C’est peut-être pour ça que le fait de passer du temps dans la nature amène à se déconnecter et contempler. Et la contemplation pousse à mieux SE comprendre et le monde qui nous entoure (où on n’arrête pas de courir quelque part à corps perdu). Et puis se demander aussi (pour la énième fois depuis l’âge de 4-5 ans): “qu’est-ce qu’on fait dans cette vie et pourquoi?”…