La leçon du cas politico-culturel des hooligans du foot

Les faits

Suite aux incidents entre supporters anglais et russes à Marseille, le 11 juin, l’UEFA a décidé d’infliger, mardi 14 juin, « une suspension avec sursis » à la Russie, qui sera exclue de l’Euro 2016 en cas de nouvel incident, ainsi qu’une amende de 150 000 euros à sa fédération de football pour « perturbations, comportement raciste et jets de fumigènes et de projectiles », lors du match Angleterre-Russie (1-1).

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Voici un phénomène sociologique dans l’actualité à la une qui fait remonter à la surface un fait dorénavant incontestable, mais jusqu’à présent déformé à souhait par la bien-pensance devenue obligatoire en Occident, et en l’occurrence en France.

Le JDD :

Bien que l’UEFA, instance européenne du football, ait menacé la Russie de disqualification “en cas de nouvelles violences”, Vladimir est convaincu que les hooligans russes ne changeront pas de comportement. “Cela n’aura aucune influence sur l’attitude des supporteurs”, juge-t-il. “Rien ne les arrêtera”.

Vladimir a d’ailleurs déjà prévu de revenir en France, si la Russie arrive en finale. Mais pense que les prochains matchs de la Russie seront plus calmes.

Que cette horde de débiles (quelle que soit leur provenance) n’assiste aux matches que dans un seul et unique but qui est de provoquer, casser et se bagarrer n’étonne personne depuis longtemps. Pire, les organisateurs le savent d’avance et les autorités des pays, accueillant cette «fête» sportive, mettent tout en œuvre pour éviter et/ou maîtriser les manifestations de joie de ces admirateurs du «plus beau» sport de notre époque. Car il faut comprendre : ils (supporters) font « ça pour le sport », confie le même hooligan russe à l’AFP, publication Le JDD :

Le jeune homme, à la vie rangée lorsqu’il est à Moscou (responsable de relations publiques pour une entreprise, une femme et deux enfants), dresse le portrait du hooligan russe: “entre 20 et 30 ans, sportif, amateur de boxe et de tout genre d’arts martiaux”. 

Un portrait-robot qui correspond aux descriptions de l’historien Sébastien Louis dans Le Monde, faisant état d’une “nouvelle génération de hooligans depuis la fin des années 90, venus des pays de l’Est, Russie et Pologne principalement : ce sont des gens qui font des sports de combat, qui s’entraînent quotidiennement. Ils ne prennent pas de drogue, pas d’alcool, ils ont un mode de vie ascétique pour se dédier à ces affrontements.”

Le plus intéressant

Et voici le fait «dorénavant incontestable» qui ressort du témoignage de cet hooligan «professionnel» au magazine The Flow, traduit par les soins de Le Courrier de Russie, démontrant tout un aspect culturel et à la fois politique très intéressant:

« Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu des flics aussi loyaux. Au dernier championnat d’Europe, en Pologne, les Polaks nous sautaient dessus en permanence, en une journée, on s’était battu plusieurs fois, et la police avait serré tout le monde super brutalement. Mais à Marseille, le tout ressemblait tellement au film Taxi et autres comédies sur la police française : les CRS qui sortent des camions en courant avec des boucliers, le regard effrayé, à se rentrer les uns dans les autres, à tomber. Les flics ordinaires se tenaient juste sur le côté, à regarder.

Dans la même situation, les OMON russes auraient dispersé tout le monde vite et violemment – ils auraient enchaîné les plus excités du premier rang et tout se serait terminé très vite. Mais la France n’est pas prête à ça.

Chez nous, tout le monde aurait été dispersé dès le premier rassemblement. Mais les flicards français ne sont arrivés que sur la place. Chez nous, ils hurlent direct « Dispersion ! » – et tous les mecs se barrent dans les cours et les ruelles, parce qu’ils sont certains qu’ils vont se faire choper. Mais les Français, non : ils se tiennent à distance, ils regardent et ils ne bougent pas une oreille.

Avec une police qui bosse comme ça, à 200 mecs que nous étions, on aurait pu envahir la ville. D’autant que dans le nombre, il y a quoi, 30, 50 gars qui savent réellement se battre…

À l’entrée du stade, pareil – certains ont été fouillés comme il faut, d’autres, très moyen. On aurait pu rentrer n’importe quoi. »

Extrait Le JDD :

« Lundi matin, le procureur de Marseille a indiqué que la police avait été confronté samedi à 150 hooligans russes “extrêmement entraînés” et qu’aucune interpellation n’avait été réalisée. »

Est-ce politique ?

A se demander, en effet, si la police française est vraiment composée d’amateurs non-entraînés? Ou est-ce qu’ils avaient la consigne de ne pas vraiment intervenir? Comme le constate très justement, et à l’endroit, un des commentateurs dudit article dans Le Courrier Russe:

« le ventre mou de l’état français, qui est incapable d’assurer une simple mission de maintien de l’ordre en zone urbaine. Cet exemple ne peut qu’encourager la guérilla urbaine ethnoculturelle pressentie. Dans le cas présent, on comprend mal pourquoi seuls l’équipe de Russie doit supporter la sanction, alors que les hooligans anglais sont tout autant responsables ? »,

Une autre remarque très intéressante (pour ne pas dire très pertinente) dans les commentaires de ce même article dans Le Courrier de Russie:

« nous savons fort bien que la justice française et les instances de foot préfèrent se venger sur la Russie qu’ils détestent que sur l’Angleterre alors qu’ils craignent le Brexit et qu’ils font tout pour qu’il n’ait pas lieu».

Alors, qu’est-ce que nous avons là? La France, en membre fidèle de l’Europe et depuis peu de l’OTAN, critiquant sévèrement le soi-disant régime totalitaire russe où la police réprime toutes manifestations et tout débordement, dans les faits est incapable de faire régner l’ordre dans ses propres pénates? Par opposition au «régime de Poutine» est-ce bien cela la démocratie ou le régime non-totalitaire?

Et l’aspect culturel dans tout ça ?

Comme nous l’explique avec le calme olympique ce hooligan russe, en Pologne et en Russie lui et ses semblables «ascètes» sont maîtrisés brutalement! Et visiblement dans sa perception du monde cela ne le dérange outre mesure et encore moins le choque. Les hooligans orientaux, et en l’occurrence russes, savent d’avance qu’ils vont être “calmés” violemment par les autorités. Est-ce que ça les effraie? Ils en rigolent. Dans une culture, où les autorités ont toujours été dotées de l’autorité dans le sens primaire du terme (parfois excessive), le mentalité forgée ne correspond point à la vision autoritaire occidentale. Une autre culture, quoi.

Or, en France et en Europe, la moindre démonstration de force par la police déclenche un tsunami politico-intellectuel des droits de l’homme. Nous avons donc en France, et en particulier à Paris, depuis des semaines (vous me passerez l’expression) un véritable bordel, dont se moque le monde entier. Et notamment les Russes qui ne comprennent même pas comment dans un pays développé comme la France une chose pareille puisse être possible. Ainsi, les hooligans russes viennent dans les pays des droits de l’homme et de la démocratie à l’occidentale comme dans un centre aéré pour se dégourdir les membres.

Choc de cultures? Sans aucun doute. Un point de vue différent? Certainement. Qui a tort, qui a raison?

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Affiche sur un mur à Paris, 15 juin 2016

Que chacun tâche de répondre à cette question dans la mesure de ces capacités d’analyse. Une chose est manifestement évidente (dans la lumière du cas de figure exposé): la communication affligeante de l’Occident contre la Russie, montante en tant qu’un acteur politique et économique, est fondée sur l’ignorance totale de la culture russe. Ou peut-être au contraire sur sa fine connaissance, mais instrumentalisée aux fins de manipulations des masses. Dans quel intérêt?

En tout était de cause, ni l’un ni l’autre ne rajoute pas d’honneur aux administrateurs de cette attitude.

Le bilan

Intéressez-vous à la culture de vos voisins avant de tirer les conclusions sur un pays, en faisant aveuglement confiance aux «premières chaines d’info» servant les intérêts de leurs investisseurs.

Quant aux hooligans, malheureusement cette branche primitive de l’homo-sapiens existera toujours, c’est tout le problème. Alors, plus tôt que de les maîtriser (et non pas comme on le fait en France) au moment de ces «rencontres sportives», il serait peut-être judicieux de se poser d’autres questions rationnelles plus sur le fond…

2 replies
  1. Griffon
    Griffon says:

    Vous avez entièrement raison Anton, cette tragédie à Marseille m’a, à moi aussi fait cette effet.
    La première chose que je me suis dite c’est “pourquoi ne disqualifie on pas les anglais et les russes ? Si l’une des équipe est punis, pourquoi l’autre ne le serait pas ?”
    Et là j’ai réalisé la même chose que vous, ce qui, pour moi, dans mon esprit qui pendant un instant à cru que le monde était rose, n’était même pas envisageable dans un monde peuplé d’être civilisés : les anglais menace de sortir de l’UE, donc (pardonnez moi l’expression) on leur lèche les bottes… Et la Russie, grand ennemi de l’occident, ne pouvait être que fautive, et donc devait être punis, eux les grands méchants russes contre la belle démocratie occidentale…

    Moi qui avait repris foi en l’humanité, voila que ces pensés tristement réalistes me traversent l’esprit…

    Mais je suis tout de même heureuse de voir que des gens comme vous forgent leur avis, un avis constructif contrairement à la casi totalité des personnes aujourd’hui, un avis qui se base sur des recherches et non sur les informations du 19h45…

    Voyez vous, si j’aime énormément le Peuple russe c’est beaucoup grâce à l’envie des russes de se renseigner, de ne pas se contenter des informations qu’on nous balance pour que notre avis ne soit qu’une copie conforme de celle du voisin. Peut être que tout les russes ne sont pas ainsi, mais j’arrive tout de même à garder espoir en ce peuple, en sa culture qui malgré les tentatives acharnés de l’occident à la faire disparaître, finit toujours par revenir.
    Et c’est pour de multiples raisons, dont celles que j’ai citée que l’occident déteste ce peuple des plus respectable : être russe c’est une façon de pensé, une façon de vivre, une philosophie, et l’occident ne peut pas détruire la philosophie de tout un peuple.

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