Les choses à éviter avec les Russes à tout prix

 

Sujets à bannir

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© Katarzyna Widmanska, Angela Olszewska

N’abordez pas des sujets autour de l’homosexualité. Vous pouvez être perçus comme obscènes. Les Russes ont du chemin à faire en termes de liberté homosexuelle. Vous pourriez penser que les Russes sont sous-développés, mais eux, ils pensent que l’Europe et notamment la France sont en partie sur le déclin de leur civilisation — particulièrement en légalisant le mariage pour tous. En attendant vous n’êtes pas là pour refaire leur mentalité forgée pendant des siècles. Ne vous créez pas des écueils là où on peut ne pas en avoir.

Evitez les discussions approfondies sur l’histoire et la science. A moins de vraiment vous y connaître. L’éducation nationale en Russie est (ou au moins était) beaucoup plus forte que dans les pays européens. Or, les connaissances générales des Russes (surtout ceux de plus de 30 ans) sont beaucoup plus poussées que vous pouvez vous imaginer, certains connaissent l’histoire de France mieux que les Français. A savoir : toutes les matières à l’école russe sont obligatoires. Dans le business russe nombreux sont ceux qui parlent plusieurs langues. Et ils les parlent vraiment…

Si vous faites du business avec la Russie, vous allez le plus probablement traiter avec la génération ayant étudié chez les soviets — en voici une petite rétrospective sur l’école soviétique. Aujourd’hui l’éducation russe s’est beaucoup “assouplie”, dans tous les sens du terme. Bien que la classe huppée dirige ses enfants vers des écoles spécialisées, où l’enseignement est de haut niveau et souvent dans une langue étrangère.

N’insistez pas sur la corruption russe dans les discussions. Ils en sont beaucoup plus conscients que vous (puisqu’ils ont connu ça depuis leur naissance, quel que soit leur âge), et ils en sont assez importunés et considèrent ceci comme la honte nationale. Ce n’est pas le sujet de conversation à privilégier.

Ne dites jamais aux Russes que la 2ème guerre mondiale a été gagnée par les Américains ! Et pour vous convaincre que mes connaissances de l’histoire (comme celles de tous les Russes) ne sont pas désorientées par le patriotisme aveuglé, ni par l’enseignement manipulé russo-soviétique, voici en appui le commentaire d’un français à l’indignation de Gabriel Matzneff “Vive la Russie, Messieurs” dans LePoint.fr :

eviter-avec-les-russesAux pleurnicheurs de la démocratie à géométrie variable et champions des droits de l’homme à géométrie variable, aux américanophiles béats et militants (ceux-là même qui mènent la lutte anti-russe depuis des années), n’oubliez pas que c’est grâce aux Russes que le nazisme a été vaincu, aucun autre pays ne s’est sacrifié comme l’a fait la Russie durant la Grande Guerre, tout cela est oublié et étouffé par ceux-là même qui glorifient les Américains !..

Il ne s’agit pas des cours d’histoire détournés, ni du patriotisme exacerbé des Russes. Il s’agit d’un fait historique détourné et oublié par le monde occidental.

Ayez un minimum de connaissances sur la Russie. L’URSS (l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques) a cessé son existence en 1991. La Russie d’aujourd’hui n’est plus l’URSS et n’a rien à voir avec. Pour de plus amples informations, illustrées et bien écrites, la Série URSS est à votre disposition et particulièrement son premier article retrace les bases à connaître. Sachez également que beaucoup de Russes (moi y compris) sont très étonnés en entendant les gens confondre ces deux époques foncièrement différentes.

Arrêtez de croire que la Russie, c’est la Sibérie. Ouvrez une carte géographique, penchez vous dessus. Trouvez la chaîne montagneuse d’Oural, ensuite la Sibérie, allez jusqu’à la Kamtchatka, pensez à vous arrêter avant l’Alaska qui était autrefois le territoire russe aussi, vendu aux américains en 1867 (il y a à peine un siècle et demi)…

N’oubliez pas que Napoléon a été battu par les Russes en 1812 et évitez les sujets sur les Goulags soviétiques — la tache noire dans l’histoire de ce pays, dont personne n’est fier.

 

Comportements

Evitez d’être trop familiers, pour le moins au début. Comme je l’ai déjà expliqué dans Pourquoi (selon les occidentaux) les Russes ne sourient pas ?, dans la culture russe on a besoin d’un peu de temps pour s’adapter à la personne rencontrée, et savoir si on peut lui faire confiance. Donc ne cherchez pas à passer rapidement en mode “famille bidochon”. Et gardez à l’esprit que certaines “normalités” d’une culture ne le sont pas dans une autre. Personnellement j’ai été très étonné (et c’est un euphémisme) de voir la scène avec Louis de Funès (le mastodonte du cinéma français) dans une comédie La Soupe aux Choux dont une partie du film se résume à « ça ». Le choc de cultures à l’état pur…

La cuisine russe n’est pas pire que la française ! Même si la nourriture russe peut vous paraître inhabituelle à premier abord, essayez d’en profiter quand même sans commentaires et excuses du genre « je n’ai pas l’habitude » — vous allez ternir votre image. Par ailleurs, la cuisine russe n’est pas pire que la française ! Tout est une question de perception et d’habitude (justement). Ne refusez pas un verre. Ça sera considéré comme irrespectueux. Buvez-en au moins un pour sceller la rencontre, on ne vous obligera pas de boire le deuxième. A moins que vous en redemandiez vous-même…

Soignez votre look ! Il n’est pas inutile de savoir que les Russes, particulièrement les femmes, accordent de l’importance à leur look : vêtements, maquillage, coiffure, etc.  Il est vrai qu’il n’est pas rare de voir les Russes à l’étranger habillés sans aucun goût. Car, en effet, tout est une question de goût, mais aussi de culture. En revanche, évitez d’aller en Russie avec le jean que vous avez acheté chez Kiabi en première année de prépa (déjà vu). Ne mettez pas de pull Lafuma pour une négo (déjà vu), sauf si vous allez au Kamchatka ou en Sibérie. Sachez que beaucoup de managers à Moscou (ce qui n’est pas du tout le cas dans tout le pays) touchent 5.000 €/mois (ce qui est considéré comme un salaire normal dans les grosses sociétés moscovites). En d’autres termes, ces managers ne s’habillent pas chez Tati.

N’oubliez pas que venant de l’étranger, et en particulier du pays considéré comme le pays de la mode, vous vous discréditerez en un clin d’œil étant habillé comme vous avez l’habitude de l’être en France en temps normal. Si vous voulez taper à l’oeil des Russes et obtenir un résultat dans les affaires, soignez votre look et achetez-vous une paire de chaussures classe — mais à la fois confortable et de préférence tout terrain. En Russie il y a énormément de poussière partout. Et lorsqu’il pleut, vos Weston vont être vite dépassées par les événements.

 

Conseils avec mention

eviter-avec-les-russes-communicationFaites attention à votre humour. Ses nuances ne sont pas toujours claires aux autres cultures. Bien que les Russes ne sourient pas souvent, ils adorent rire et plaisanter, comme tout le monde. Mais encore faut-il savoir que l’humour dans chaque culture est différent. Évitez l’humour dans le registre des WC (étonnamment apprécié en Occident) si vous ne voulez pas définitivement tomber dans leur estime et, peut-être, ne plus jamais récupérer l’affaire espérée. C’est quelque chose qui est difficilement (ou très peu) cautionné par la culture russe. Toutes plaisanteries et discussions autour des sujets semblables sont « indigérées » par l’esprit russe.

Extrait du commentaire par une russe dans un quotidien britannique :

“Don’t try to be funny”. There is an unfortunate tendency of people from the West to make really absurd and tasteless jokes that we find completely irritating as Eastern Europeans. Otherwise, go for it, and all the best in your business (ad)ventures.” 

infoPar exemple en Russie, énormément de plaisanteries sont construites sur les jeux de mots inexprimables dans d’autres langues. Parfois les Russes vont être morts de rire, mais vous ne comprendrez pas pourquoi. Sachez que ce n’est pas dirigé contre vous. 

Oubliez votre culture latine et sa communication indirecte. Les cultures slaves en général sont construites sur une relation directe sans détours. Ne soyez donc pas choqués d’entendre la vérité en face qui ne vous plaira forcément pas. Les Russes appellent un chat “un chat” sans détours. Les détours qui sont tellement développés en Occident et particulièrement en France. Dans la culture russe on ne cherche pas à adoucir les propos négatifs, à couvrir les faits désagréables avec un voile semi-transparent des synonymes lointains et approximatifs dissimulant la réalité. Dans la communication russe on n’emploie jamais (ou très rarement) cette superficialité. D’ailleurs, si vous y réfléchissez bien, c’est effectivement superficiel — présenter les choses de manière embellie pour ne pas heurter les esprits, ce qui à force devient le politiquement correct ubiquiste.

Les Russes ne sont pas impolis. Ne considérez pas les Russes comme impolis dans les échanges écrits. Ils vont toujours droit au but, un peu à la manière des américains. Même si dans un échange vous n’avez pas rencontré un « Bonjour, j’espère que vous allez bien …», cela ne signifie en rien la mauvaise éducation de votre interlocuteur. En russe, les affabilités épistolaires à rallonge à la française n’existent pas. Et plus que cela : les Russes considèrent l’excès de courtoisie écrite ou orale comme une fausse bonne attitude. Or, tâchez tout simplement de trouver le juste milieu avec vos interlocuteurs.

 

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